Rempart médiéval (Benfeld) : Différence entre versions
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Le successeur de Charles de Lorraine, décédé en 1608, est l’archiduc Léopold 1er de Habsbourg. Ce dernier compte également moderniser la forteresse et pose en personne la première pierre d’un bastion dès 1615. C’est le grand-bailli Ascanio Albertini, un ancien chef militaire nommé à ce poste en 1613, qui supervise les travaux au nom de l’évêque qui ne réside pas en Alsace, et qui se poursuivent quasiment jusqu’en 1632 lorsque les armées suédoises de Gustave II Adolphe envahissent le Saint Empire et atteignent l’Alsace en juin 1632. La ville, qui se présente sous la forme d’un pentagone irrégulier, de cinq bastions et de plusieurs demi-lunes, est l’une des places les mieux fortifiées d’Alsace et connaît un siège long de 48 jours, entre septembre et novembre 1632. Finalement, le commandant de la place-forte, le baron Jean-Louis Zorn de Bulach, doit capituler. Les Suédois seront maîtres de la forteresse, la seule en leur possession en Alsace à compter de 1635, et ce jusqu’à la fin de la Guerre de Trente Ans. Ils poursuivent la modernisation des ouvrages durant cette période. Les traités de Westphalie de 1648 exigent quant à eux la démolition des fortifications : celle-ci n’a lieu qu’en 1649 et 1650 : les bastions et demi-lunes sont rasés, les fossés comblés. Tout en conservant l’enceinte médiévale, on laisse aussi subsister des ouvrages modernes, comme la Porte Haute de l’enceinte bastionnée, remontant aux environs de 1620, dont l’esthétique évoque celle d’un arc de triomphe antique, mais ce dernier vestige disparaît en 1879. Seul le petit filet d’eau appelé « Stadtgraben », parcourant tout Benfeld jusqu’au milieu du 20e siècle, est un souvenir des anciens bastions et permettent de se faire une idée précise de l’extension maximale de la place forte, à l’instar de plusieurs plans, dont ceux de Mattheus Merian l’Ancien (1593-1650). | Le successeur de Charles de Lorraine, décédé en 1608, est l’archiduc Léopold 1er de Habsbourg. Ce dernier compte également moderniser la forteresse et pose en personne la première pierre d’un bastion dès 1615. C’est le grand-bailli Ascanio Albertini, un ancien chef militaire nommé à ce poste en 1613, qui supervise les travaux au nom de l’évêque qui ne réside pas en Alsace, et qui se poursuivent quasiment jusqu’en 1632 lorsque les armées suédoises de Gustave II Adolphe envahissent le Saint Empire et atteignent l’Alsace en juin 1632. La ville, qui se présente sous la forme d’un pentagone irrégulier, de cinq bastions et de plusieurs demi-lunes, est l’une des places les mieux fortifiées d’Alsace et connaît un siège long de 48 jours, entre septembre et novembre 1632. Finalement, le commandant de la place-forte, le baron Jean-Louis Zorn de Bulach, doit capituler. Les Suédois seront maîtres de la forteresse, la seule en leur possession en Alsace à compter de 1635, et ce jusqu’à la fin de la Guerre de Trente Ans. Ils poursuivent la modernisation des ouvrages durant cette période. Les traités de Westphalie de 1648 exigent quant à eux la démolition des fortifications : celle-ci n’a lieu qu’en 1649 et 1650 : les bastions et demi-lunes sont rasés, les fossés comblés. Tout en conservant l’enceinte médiévale, on laisse aussi subsister des ouvrages modernes, comme la Porte Haute de l’enceinte bastionnée, remontant aux environs de 1620, dont l’esthétique évoque celle d’un arc de triomphe antique, mais ce dernier vestige disparaît en 1879. Seul le petit filet d’eau appelé « Stadtgraben », parcourant tout Benfeld jusqu’au milieu du 20e siècle, est un souvenir des anciens bastions et permettent de se faire une idée précise de l’extension maximale de la place forte, à l’instar de plusieurs plans, dont ceux de Mattheus Merian l’Ancien (1593-1650). | ||
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− | [[Fichier:12 Benfeld plan forteresse 1632.jpg|vignette|Plan de la place-forte assiégée par l’armée suédoise dressé par Mattheus Merian en 1632 (collection privée)]] | + | |
+ | [[Fichier:12 remparts 1839.JPG|centré|vignette|Extraits du plan cadastral de 1839 présentant le tracé des fortifications médiévales (Archives municipales de Benfeld)]] | ||
+ | [[Fichier:12 Benfeld plan forteresse 1632.jpg|centré|vignette|Plan de la place-forte assiégée par l’armée suédoise dressé par Mattheus Merian en 1632 (collection privée)]] | ||
+ | [[Fichier:12 ville fortifiée 1632.jpg|vignette|centré|Vue cavalière de la place-forte de Benfeld en 1632 avec en premier plan l’enceinte bastionnée et ses fossés (collection privée)]] | ||
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+ | *[[Media:12 Article portes Meyer 1994.pdf|PDF : article de Jean-Philippe Meyer sur les portes médiévales : Annuaire de la Société d’Histoire des Quatre Cantons, t. 12, 1994]] | ||
+ | *[[Media:12 Article fortifications Meyer 1986.pdf|PDF : article de Jean-Philippe Meyer sur les fortifications bastionnées : Annuaire de la Société d’Histoire des Quatre Cantons, t. 4, 1986]] | ||
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Cette portion de rempart, longue de plusieurs dizaines de mètres, constitue le tronçon le mieux conservé de l’enceinte du 14e siècle. La muraille est constituée d’une maçonnerie de briques. Sur ce tronçon se trouvait aussi la tour dite des Bourgeois, déjà en ruines au cours du 18e siècle.
Sommaire
12 : Rempart médiéval (14e siècle)
Les fortifications médiévales de Benfeld
La petite bourgade de Benfeld semble érigée en ville par l’évêque Johann von Dirpheim, sous l’empereur Albrecht 1er de Habsbourg. La date n’est pas précise – les chroniqueurs situent cela en 1306 – mais Benfeld figure dans les textes comme ville « Statt » en allemand, « oppidum » en latin dès 1303, ce qui signifie que les fortifications ont été érigées dès la fin du 13e siècle, voire le début du 14e siècle. La totalité de l’enceinte, qui mesure 1 km de longueur, permet d’obtenir intra-muros une superficie égale à environ 6,51 hectares.
Bien que peu de portions de remparts médiévaux soient aujourd’hui visibles et bien conservés, nous pouvons constater que cette portion, entre la place Briand et le presbytère, constitue encore une portion bien conservés. Elle est intérieurement renforcée par des contreforts en pierre vers le début du 17e siècle mais nous n’avons pas une idée précise de la hauteur de l’ouvrage initial, sans doute doté d’un chemin de ronde permettant de relier entre elles tours et portes. On s’aperçoit facilement que l’élévation de la muraille est faite de briques, étant donné que l’approvisionnement de pierres à partir des Vosges est beaucoup plus coûteux. L’exploitation de la terre glaise et du loess (limon) était facilité par l’existence d’ateliers très proches de la ville.
D’après les sources et manuscrites et les plans anciens conservés, dont le plan cadastral de 1839 précisant le tracé de l’enceinte, nous savons qu’elle était dotée de deux portes d’entrée – la Porte Haute (Obertor) au débouché de la rue du Général de Gaulle, démolie en 1809, la Porte Basse (Niedertor), au débouché de la rue du 1er Décembre, démolie en 1801-1802 – ainsi que d’une petite porte fortifiée sans tour appelée Mühltörlin, rénovée au 16e siècle et qui permettait l’accès au moulin et à l’étang de la ville à hauteur de l’église catholique. Les tours de fortifications supplémentaires étaient les suivantes : la Tour des Bourgeois, sur ce tronçon de rempart, la Tour des Sorcières (Hexenturm) à l’opposé ouest (toutes deux en ruines au 18e siècle), la Tour des Chauves-souris (Flettermüsturm) du côté nord-est, enfin la tour d’angle nord-ouest servant de donjon au château ainsi que la Tour du Dragon (Drachenturm), sur le versant ouest, dont l’époque de démolition ne sont pas connues. Bien que petite, la ville de Benfeld possédait donc une fortification adaptée pour résister à des sièges. Bien que le duc de Württemberg pris la ville en 1330, d’autre tentatives de sièges échouèrent, notamment en 1420 par des nobles strasbourgeois ayant fait sécession, puis en 1444 par les Armagnacs, ainsi qu’en 1525 lors de la Guerre des Paysans. Les autorités strasbourgeoises, entre 1394 et 1537, participèrent à la réparation de l’enceinte, ainsi que les évêques de Strasbourg après le rachat de la ville en 1537. Cependant, vers la fin du 16e siècle, le développement conséquent des armes à feu change la donne et impose une indispensable modernisation des ouvrages. C’est l’œuvre de plusieurs princes-évêques de Strasbourg.
La place-forte bastionnée (1584-1650)
A partir de 1580, l’évêque Jean de Manderscheid-Blankenheim confirme avoir négligé Benfeld pendant un certain temps et engage d’important travaux visant, en 1581-1582, à rehausser la Porte haute et à fortifier le Mühltörlein, tout en protégeant également le moulin. Mais en 1584, les choses s’accélèrent lorsque le prélat prend la décision de transférer le siège du bailliage de Bernstein, qui se trouvait alors à Epfig, dans la ville de Benfeld. Cette administration, avec à sa tête un bailli, va être aménagée dans l’ancienne Vogtei qui est rénovée et dans le château médiéval qui est également transformé en demeure pour le prélat dès 1584. Jusqu’en 1592, l’architecte de l’évêque, Jost Pyll d’Ypres, supervise la construction d’une demi-lune devant la Porte Haute, ainsi que de plusieurs bastions en avant des fortifications. Cependant, nous ne possédons aucun plan sur l’emplacement de ces ouvrages. A la mort du prélat, son successeur le cardinal Charles de Lorraine, doit faire face à un prétendant protestant élu par les chanoines protestants à Strasbourg ; ses troupes tiennent garnison à Benfeld pendant toute la durée de la guerre dite « des Evêques », jusqu’en 1604. Les fortifications sont achevées en 1597 et le faubourg du Rhin est également protégé.
Le successeur de Charles de Lorraine, décédé en 1608, est l’archiduc Léopold 1er de Habsbourg. Ce dernier compte également moderniser la forteresse et pose en personne la première pierre d’un bastion dès 1615. C’est le grand-bailli Ascanio Albertini, un ancien chef militaire nommé à ce poste en 1613, qui supervise les travaux au nom de l’évêque qui ne réside pas en Alsace, et qui se poursuivent quasiment jusqu’en 1632 lorsque les armées suédoises de Gustave II Adolphe envahissent le Saint Empire et atteignent l’Alsace en juin 1632. La ville, qui se présente sous la forme d’un pentagone irrégulier, de cinq bastions et de plusieurs demi-lunes, est l’une des places les mieux fortifiées d’Alsace et connaît un siège long de 48 jours, entre septembre et novembre 1632. Finalement, le commandant de la place-forte, le baron Jean-Louis Zorn de Bulach, doit capituler. Les Suédois seront maîtres de la forteresse, la seule en leur possession en Alsace à compter de 1635, et ce jusqu’à la fin de la Guerre de Trente Ans. Ils poursuivent la modernisation des ouvrages durant cette période. Les traités de Westphalie de 1648 exigent quant à eux la démolition des fortifications : celle-ci n’a lieu qu’en 1649 et 1650 : les bastions et demi-lunes sont rasés, les fossés comblés. Tout en conservant l’enceinte médiévale, on laisse aussi subsister des ouvrages modernes, comme la Porte Haute de l’enceinte bastionnée, remontant aux environs de 1620, dont l’esthétique évoque celle d’un arc de triomphe antique, mais ce dernier vestige disparaît en 1879. Seul le petit filet d’eau appelé « Stadtgraben », parcourant tout Benfeld jusqu’au milieu du 20e siècle, est un souvenir des anciens bastions et permettent de se faire une idée précise de l’extension maximale de la place forte, à l’instar de plusieurs plans, dont ceux de Mattheus Merian l’Ancien (1593-1650).
Documents
- PDF : article de Jean-Philippe Meyer sur les portes médiévales : Annuaire de la Société d’Histoire des Quatre Cantons, t. 12, 1994
- PDF : article de Jean-Philippe Meyer sur les fortifications bastionnées : Annuaire de la Société d’Histoire des Quatre Cantons, t. 4, 1986
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