Ancien moulin (Benfeld - enfants)

20 ¨Ancien moulin 1775 1868.¨

Nous arrivons  près de cette bâtisse qui a été autrefois un  moulin.

Cette minoterie a été construite à cet endroit pour pouvoir mettre à profit la force de l’eau. C’est grâce au courant de cette rivière, que la grande roue tournait. Elle passait en dessous de la maison, entraînant à son tour une deuxième roue dentée. Pour terminer, celle-ci faisait activer une grande meule en pierre. Ce gros bloc allait écraser les graines, les transformant en poudre blanche. Cette farine permettrait au boulanger de fabriquer son pain.

Mais avant que le meunier puisse fabriquer sa farine, il y aura d’autres étapes à effectuer. Semer les graines, attendre que le blé pousse. Cela durera quelques mois.

Je me souviens de ces étés torrides, où grâce aux rayons du soleil, le blé commençait à prendre sa belle couleur dorée. 

C’est à cette période, que l’on entendait la brise du vent passer entre les chaumes, laissant s’envoler une musique légère .

Celle-ci annonçait aux paysans, qu’il serait bientôt temps de travailler aux champs.

Un beau matin, on les voyait partir, coiffés de larges chapeaux et de foulards, afin de se protéger des rayons brûlants du soleil. Assis à l’avant de la carriole, les paysans guidaient les chevaux pendant que leurs épouses bavardaient gaiement, bien installées contre les barrières de la charrette. Ils prenaient tous ensemble la direction des champs, afin de commencer les moissons.

Arrivés sur place, on se mettait tout de suite au travail. Les hommes aiguisaient leur faucille, puis commençaient à faucher d’un rythme régulier les longues tiges de blé.

Leurs épouses les encourageaient de leurs chants joyeux. Elles prenaient ensuite la relève, en dispersant de leur fourche en bois, les chaumes coupés.

Il fallait alors laisser la nature prendre le relais. Les rayons du soleil feraient leur travail pendant la pause du déjeuner, car la température grimpait très vite à cette heure avancée de la journée.

De temps en temps, on entendait un des hommes à la figure empourprée, taquiner son épouse en lui lançant une boutade. Les autres n’attendaient que cela pour démarrer une ribambelle de plaisanteries.

Quand venait l’heure de la collation, les femmes allaient récupérer leurs paniers remplis de victuailles, qu’elles avaient pris la précaution de mettre à l’abri des rayons du soleil. 

Une grande toile de lin, posée à même le sol, leur servait de table. C’est dans la bonne humeur, que l’on se laissait tomber dans l’herbe sèche à l’ombre de la carriole. Ce repas venait juste à point pour calmer leur fringale qui se faisait sentir. La grosse miche de pain déballée du torchon qui l’avait isolée de la chaleur, passait de main en main. On sortait les couteaux et chacun se découpait une tranche épaisse. Le saucisson sec passait lui aussi, entre les mains des ouvriers affamés. Son volume diminuait à vue d’œil et il n’en restait bientôt plus qu’un petit bout. Les paysans se régalaient en dévorant cette nourriture simple, qui apaisait leur faim. Ils se rattraperaient au repas du soir en dégustant leur bonne soupe aux choux.

Entre chaque bouchée de pain, les hommes buvaient une rasée de vin du pays. Les femmes quant à elles, préféraient des gorgées de cette eau qu’elles avaient soigneusement protégée de la chaleur, en les emmaillotant de chiffons humides.

Le repas touchait à sa fin et chacun piochait dans le petit panier contenant des pommes. Ils les essuyèrent de deux petits frottements entre leurs paumes et déjà ils mordaient à pleines dents dans le fruit. Ils firent prolonger le plaisir en terminant le fruit jusqu’au trognon.

Hélas, bientôt il fallut ranger ce pique-nique improvisé, car les aiguilles de l’heure tournaient.

Cette pause avait été bénéfique afin de retrouver la vigueur nécessaire pour affronter la besogne qui les attendait. Leurs épaules se voûtaient et déjà les efforts fournis depuis le matin commençaient à se faire ressentir.

Encore une gorgée de ce liquide rafraîchissant. Puis une ou deux histoires drôles afin de délasser les travailleurs, avant de se lever pour reprendre le boulot.

Après avoir rangé les paniers, les femmes empruntèrent leurs râteaux et commencèrent à rassembler les brindilles dorées éparpiller. La faucille remplacerait bientôt cet outil pour terminer leur besogne. Un segment de corde permettrait de ficeler les fagots qui joncheraient bientôt le champ.


Un peu plus tard, de grandes bâches seraient étendues à même le sol. On disposerait dessus quelques fagots que l’on aurait déficelés afin de commencer le battage.

Quant au reste des chaumes, ils seraient précieusement ratissés, et ramenés pour les animaux.

Le soir venu, les deux chevaux tireraient leur lourd chargement jusqu’au moulin. Le meunier les stockerait encore quelque temps et transformerait un plus tard, ces épis de blé en farine .


Nos travailleurs repartiraient tardivement dans la soirée, en direction de leur chaumière pour un repas bien mérité.

Vous voyez les enfants, que pour obtenir le pain que vous mangez aujourd’hui, le blé passe par des étapes bien précises.
Mais le monde moderne a du bon, car il a simplifié le travail.   
Des machines ont pris depuis de nombreuses années le relais en soulageant la besogne aux hommes.