Magasin des tabacs (Benfeld)

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Situé à l’emplacement du château épiscopal, ce magasin de fermentation des tabacs, composé de quatre ailes autour d’une cour centrale, ainsi que d’un grand bâtiment administratif côté rue, présente une architecture industrielle très soignée faite de pierres de tailles et de briques.

5 : Magasin des tabacs (1854)

Le « château » de Benfeld : trois bâtiments historiques entre 1394 et 1879

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Plusieurs châteaux successifs ont occupé l’emplacement de la manufacture des tabacs, qui correspond à la partie Nord de l’enceinte urbaine. Il s’agit tout d’abord d’un château-fort médiéval, d’une demeure noble devenue ensuite maison du bailliage, enfin de la résidence de plaisance des cardinaux de Rohan, évêques de Strasbourg. Retraçons un rapide aperçu historique de chacun de ces trois bâtiments aujourd’hui disparus. Le château médiéval, qui se composait d’un petit donjon carré ainsi que de plusieurs corps de bâtiments disposés autour d’une cour intérieure, se trouvait à l’angle Nord-Ouest des fortifications médiévales et a été construit par les autorités strasbourgeoises entre 1394 et 1400 pour renforcer la défense de la cité. Après 1584, une haute tourelle d’escalier avec portal à colonnes est érigé dans la cour afin de desservir les étages et probablement aussi une résidence de l’évêque Johann de Manderscheid-Blankenheim. Après avoir subi d’autres réparations et transformations, le château dut soutenir le siège de 1632, mais à partir de 1694, il est démantelé par le bailli Reich von Platz afin d’en prélever les pierres qui serviront à diverses constructions. L’entreprise est menée jusqu’en 1696 et entre 1713 et 1715. Seul l’ancienne tour à usage de donjon semble avoir momentanément subsisté jusqu’à la fin du siècle.

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Une grande demeure noble aux dimensions imposantes, construite en 1575 comme en atteste une belle porte gothique avec un linteau à arc en accolade, était adossée au centre de la portion d’enceinte médiévale nord. Cette demeure a été rachetée par le bailli Reich von Platz en 1694 pour 2000 livres tournois à Madame de Lerchenfeld, mais elle était à l’origine la cour de la famille de Ramstein. En 1712, il fit agrandir sa demeure par la construction d’une seconde aile de plan rectangulaire, placée contre l’enceinte urbaine, selon des plans établis par le maçon Georg Hueber, de Dornbirn dans le Vorarlberg. La propriété passe à ses descendants, mais ces derniers, endettés, doivent vendre leur château en 1761 et c’est finalement le prince-évêque Louis Constantin de Rohan-Guéméné qui s’en porte acquéreur. Ainsi, jusqu’à la Révolution française, le « château » sera un lieu de villégiature des princes de Rohan à quelques rares occasions, en tant que château de plaisance. A compter de 1811, les bâtiments, qui ne sont plus habités, servent de magasins des tabacs. L’aile Renaissance est finalement démolie en 1853 pour laisser la place au nouveau magasin de fermentation des tabacs, tandis que l’aile du début du 18e siècle, laissée à l’abandon, est rasée en 1879 pour permettre le percement de la rue du Château, qui était alors une impasse, et la construction du nouveau tribunal cantonal situé à côté. Peu de temps après, l’ancienne remise aux pompes à incendie, d’abord établie à côté de l’église catholique, est démontée et placée à l’emplacement du château, tout en étant agrandie.

Durant l’été 1998, une campagne de fouilles menée par un groupe de bénévoles, permet de retrouver les structures du château ayant appartenu aux Rohan avant la Révolution, avant que les vestiges ne soient définitivement rasés pour laisser la place à un parking souterrain.

La manufacture des tabacs du 19e siècle

Dès l’instauration du monopole sur les tabacs en 1811, plusieurs magasins de stockage et d’entrepôt destinés à faire fermenter les feuilles de tabac sont installés dans le Bas-Rhin, l’un des départements français les plus tabacoles. Ainsi, dès cette date, l’ancien château du 16e siècle, propriété de l’Etat depuis la Révolution française, sert de lieu de stockage, mais le bâtiment s’avère rapidement insuffisant. Il sera remplacé par une nouvelle construction qui répondra à mieux à sa nouvelle destination et permettra d’entreposer près de 2800 tonnes de tabac en feuilles. Ainsi, entre 1853 et 1855, le nouveau magasin des tabacs et le bâtiment administratif que l’on a sous les yeux, sont érigés sous la direction de l’architecte strasbourgeois Jean-André Weyer (1805-1865). La pose de la première pierre du complexe, qui se déroule le 18 octobre 1853, donne lieu à une cérémonie solennelle immortalisée par une lithographie. Aujourd’hui encore, les élévations très soignées de ce complexe laissent pleinement apprécier les caractéristiques de l’architecture industrielle. Le magasin accessible au fond du parking s’organise en quatre ailes disposées autour d’une grande cour intérieure de plan carré. Chaque travée de ce bâtiment à trois niveaux est traitée de manière identique pour tout le bâtiment. Le premier niveau, qui possédait un grand porche au centre de chaque façade, possède de larges ouvertures cintrées, tandis que les niveaux supérieurs présentent des séries de baies triples en grès avec des pleins cintres en briques. Les travées sont séparées par de larges piles en grès et les niveaux se matérialisent aussi par des ancres métalliques particulièrement ouvragées. Le bâtiment administratif devant lequel vous vous trouvez mérite aussi une mention spéciale. Composé de trois niveaux surmontés d’une toiture à la Mansart, ses élévations sont marquées par un grand porche central (aujourd’hui transformé par la mise en place de baies vitrées) et de grandes baies cintrées, le tout inspiré de l’architecture du 18e siècle. Il était occupé par des logements de service ainsi que des bureaux. Le porche permettait aux nombreuses charrettes d’accéder à la cour intérieure pour livrer le tabac une fois séché.

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Le 22 avril 1918, un grand incendie ravage l’ensemble des bâtiments dans lesquels le tabac était entreposé, mais il est restauré après la Première Guerre mondiale et doté d’une structure intérieure faite de piliers et de poutres de béton et sera désormais couvert de tuiles mécaniques à la place des ardoises d’origine. Ayant cessé de fonctionner dans les années 1980, le magasin des tabacs est laissé à l’abandon jusqu’à la fin des années 1990 où il se voit réhabilité entre 1999 et 2001 et transformé en logements sous la dénomination « Le Cardinal ». La médiathèque de Benfeld ainsi que les services administratifs de la commune y sont également installés en remplacement des locaux devenus insuffisants à l’hôtel de ville. L’inauguration festive de l’ensemble a lieu le 18 mars 2006, sous la présidence de Christian Poncelet, président du Sénat.

Documents

(Pose de la première pierre du magasin des tabacs en 1853)



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